lundi 14 avril 2014

les contes de "Ma Mère Toise" : le girvil



 contribution

le girvil - évocation d'artiste
Est-ce la proximité de la Camargue ?  une légende assure que notre village voyait, de temps à autres, passer de drôles d’oiseaux. Certains  se seraient sédentarisés durant de nombreuses années. Si ce n’était, dit-on, quelques modifications de comportement survenues brutalement, on n’y prêtait pas attention tant ils se fondaient dans le paysage.

Tel serait le cas de l’un d’eux, que les conteurs nommaient « girvil » pour« oiseau girouette servile », un grand échassier, d’ordinaire assez discret, mais qui devenait agressif, sous le coup d’une vive émotion.

Ce volatile cherchait la protection d’autres oiseaux prédateurs, auquel il faisait soumission lors de parades impressionnantes, balayant le sol de la tête, avant de se coucher de tout son long jusqu’à être adoubé.
Alors il se redressait d’un coup et manifestait une agressivité sans retenue, du moins tant qu’il était dans la proximité de son protecteur.
Qu'un prédateur plus puissant vint à s’imposer, il se dépêchait, dédaignant le précédent, de lui faire allégeance.

C’est ainsi que pendant quelques temps, après une grosse tempête, on aurait vu un de ces spécimens sortir de sa retraite et venir se poser, de bon matin, tantôt aux environs du griffe, tantôt du terrain de boule, guettant les allées et venues. Il y faisait une longue observation, quasi immobile. Après cette assez longue station, il s’envolait vers son oiseau protecteur en poussant  des cris ressemblant tantôt à « re » tantôt à « tar », en alternant les deux. Puis, apaisé, il rejoignait son nid.

Ses cris dérangeaient certains, qui ne pouvaient que subir, car l’espèce, classée parmi celles de basse-cour, avait été protégée.
C'est du moins, ce que raconte la légende... si jamais l'espèce a pu exister, c'est peu probable, nul n'en a jamais vu, comme pour le dahu...